
Vis ta vie d´écrivain
Faire exister son livre 3/4
De l'acceptation à la publication
"Hier, je rêvais que ma tâche était terminée, que je pourrais me reposer ici un long moment, peut-être même pour toujours"
Frodo, dans Le Seigneur des Anneaux, tome 1 : la Fraternité de l'Anneau, de J.R.R Tolkien
Vous vous sentiez épuisé par la rédaction. Vous étiez harassé par les envois de manuscrits. C'est au bord de l'épuisement que, soulagé, vous apposez votre signature à ce contrat idéal que l'on vous propose. Votre livre est désormais entre de bonnes mains. Vous allez enfin pouvoir vous reposer.
Navré de vous décevoir : ceci est faux. Vous n'êtes pas au bout de vos peines.
Précisons que toutes les étapes que nous allons vous décrire varient en fonction des maisons d'édition, les choses ne se passent pas aussi précisément. Gardez seulement en tête l'idée générale de la production du livre.
Première étape : relectures et prises de becs
1 - Sur le fond avec l'éditeur
Si vous pensiez tout connaître de votre travail, vous serez bientôt deux : votre maison d'édition (en fonction de la taille de sa structure) va commencer par désigner l'éditeur qui s'occupera de vous. Cette personne fait office, pour dresser le parallèle avec d'autres formes d'industries, de directeur artistique sur votre livre.
Car si votre manuscrit a suffisament convaincu la maison pour qu'elle vous propose un contrat, ce n'est pas pour autant qu'elle le considère comme un chef-d'oeuvre intouchable.
Votre éditeur va passer beaucoup de temps sur votre livre, et n'hésitera pas à revenir sur le texte. La moindre virgule sera passée au crible, mais cela peut aussi concerner la structure même de votre récit. Il n'est pas impossible qu'il vous demande de changer la fin, supprimer un chapitre, ou inventer un nouveau personnage.
De longs échanges vont suivre jusqu'à ce que vous tombiez tous les deux d'accord sur la forme que prendra le texte. À cette étape, chaque nouvelle version de votre travail devient ce qu'on appelle des épreuves.
Comme vous vous en doutez, cette peut entraîner de vives tensions avec votre éditeur. Gardez en tête que, comme vous, l'éditeur ne souhaite que le bien à votre livre. Sa vision n'est pas seulement, contrairement à vous, celle d'un créateur, mais aussi celle de quelqu'un qui connaît le lectorat et ses attentes, ainsi que les différentes questions commerciales auxquelles votre livre sera soumis par la suite.
Ne le suivez pas aveuglément, mais fiez-vous à lui pour savoir ce qui est bon pour votre livre.
Et quoi qu'il arrive, rassurez-vous, cela ne vous dépossèdera pas de votre oeuvre : ce sera bien votre nom qui apparaîtra sur le livre.
2 - Sur la forme, avec l'intervention des correcteurs
L'autre utilité de ces relectures est bien entendu la correction ortho-typographique. Tout d'abord, sachez-le : il y a toujours des corrections dans ce domaine, peu importe votre maîtrise de l'orthographe.
La grammaire Française est connue pour être l'une des plus complexes d'europe (pour ne pas dire du monde). Dîtes vous que sa typographie comporte encore plus de règles que vous ne pouvez deviner tout seul. Le bon usage des capitales, de l'italique, des espaces cadratins et ponctuations diverses : tout ceci relève d'une science rarement enseignée à l'école.
Généralement, l'éditeur fait appel à un correcteur professionnel, bien que l'utilisation de logiciels de correction, plus rapides, et moins chers, soit de plus en plus commune aujourd'hui.
Quoi qu'il en soit, vous n'échapperez pas à de nouveaux échanges d'épreuves, car de nouvelles retouches au manuscrit vont être nécessaires. Il n'est pas exclu que certaines corrections appellent aux transformations de phrases entières. Le correcteur éliminera les pléonasmes, les répétitions inutiles, les anachronismes... Il y a encore du travail pour vous !
Deuxième étape : et le texte devient livre
1 - La maquette
Une fois le texte relu et corrigé, il passera entre le mains du fabricant. C'est à cette étape que votre travail va véritablement devenir un livre.
Le travail du fabricant consiste à créer la maquette du livre. C'est à lui que reviendra le choix de la police, la taille des caractères, l'agencement du texte sur la page ou encore le format du livre. Dans les faits, c'est surtout faire entrer le livre dans les normes éditoriales de votre maison d'édition ou de la collection que vous intégrez. C'est également à cette étape qu'interviendra le choix du papier et le modèle d'impression souhaité. Tout ceci sera choisi par l'éditeur, et généralement, sauf si des illustrations supposent un agencement particulier, vous n'avez à cette étape pas besoin d'intervenir.
2 - conception de la couverture
L'autre aspect du travail de conception du livre, c'est bien sûr la conception de la couverture. Sa conception reposera sur la maquette-type prévue pour l'ensemble des livres de la collection voire de la maison d'édition.
Cette maquette fait intégralement partie de la charte éditoriale de la maison. Certaines de ces maquettes sont identifiables entre mille en librairie. On pensera notamment à la collection Blanche de Gallimard, ou encore aux éditions de l'Olivier, ou, bien sûr, Alamut Editions.
En fonction de cette maquette, il sera peut-être possible d'avoir une illustration sur la couverture. Si l'éditeur proposera bien sûr quelque chose, ce sera à vous qu'il reviendra de valider cette couverture. Bien sûr, vous pouvez également choisir l'image qui illustrera votre livre. Mais il faudra bien sûr vous assurer que cette image soit libre de droit.
On en parlera dans un autre article.
Enfin, un autre grand moment de discussion avec l'éditeur vous attends : la 4e de couverture (que l'on appelle à tort le "résumé"). Il faudra vous mettre d'accord sur ce qu'on trouvera au dos de votre livre.
Vous pourrez être force de proposition, mais l'éditeur devra apporter ses contraintes. La 4e de couverture est un exercice qui relève d'avantage de l'argumentaire commercial que de la littérature : si vous ne retrouvez pas la complexité de votre oeuvre dans sa proposition, ne vous vexez pas : l'important est que ce texte donne envie au lecteur d'acheter le livre.
Quand tout sera enfin prêt, il ne restera plus qu'une étape pour rendre possible ce fameux moment où votre travail soit entre vos mains.
Dernière étape : l'aboutissement de longues semaines de travail
Pendant toute l'étape de fabrication, votre éditeur à pris contact avec un imprimeur. Il va communiquer toutes les caractéristiques du livre, son nombre de pages, le papier utilisé, ses dimensions ... ainsi que le nombre d'exemplaires pour un premier tirage.
Sur ces questions, purement éditoriales, vous n'avez pas votre mot à dire (le premier tirage ayant cependant été fixé par votre contrat).
Quand tout sera prêt, avant le lancement du premier tirage, un exemplaire-type sera produit pour que vous voyez à quoi ressemblera le livre.
Ne prenez pas ceci comme un cadeau : c'est au contraire la dernière tâche qui vous sera demandée. Sans doute la plus importante : c'est à vous qu'il appartient de valider définitivement le lancement de la prodution du livre. On parle alors le Bon à Tirer, ou plus généralement de BAT.
Un conseil : relisez attentivement l'ensemble du lire, couverture comprise, car une fois que vous aurez donné votre accord, il ne sera plus possible de revenir en arrière.
Mais si tout va paraît bon, et tout est parfait, il n'y a plus qu'une chose à dire :